On la connaît tous de nom, mais sait-on vraiment ce qui s’y passe ?
Françoise Dolto crée la “Maison Verte” à partir du constat que nombreux troubles chez ses petits patients auraient pu être évités par le parler vrai lors de leur mal-vivance.
Le concept est aujourd’hui repris par les autorités publiques sous forme de LAEP, lieux d’accueil enfants parents, mais la Maison Verte vie toujours à Paris.
Petit zoom sur cette association fantastique, qui porte toute mon estime.
La maison Verte, qu’est ce qui s’y passe ?
Associatif, c’est un lieu d’accueil pour les enfants de 0 à 3 ans, accompagnés de leur(s) parent(s) ou d’un représentant, sans avoir à présenter une quelconque symptôme, trouble ou pathologie.
L’anonymat est de rigueur, seul le prénom est demandé. L’enfant est accueillis en premier, avant l’adulte.
Ce dispositif d’accueil permet déjà à l’enfant de se positionner comme sujet. Au quotidien on parle beaucoup des enfants, mais leur parle-t-on vraiment à eux ?
Accueillir l’enfant d’abord, c’est aussi faire exister sa vie psychique dans la tête de ses parents.
Les accueillis peuvent rester autant qu’ils le veulent, à leur départ un paiement dont ils choisiront eux-même le montant leur sera demandé.
Les enfants peuvent jouer et mettre en scène librement, deux règles sont fixées :
le port du tablier pour les jeux d’eau
une ligne au sol à ne pas franchir avec les vélos
Les jeux permettent à l’enfant de s’exprimer librement dans les activités choisies, les règles lui assurent un cadre dans espace réfléchi pour lui.
Les parents choisissent également leur activité librement : ils peuvent jouer avec leur enfant, discuter, lire, se reposer, …
Les psychanalystes qui accueillent ce petit monde font preuve d’une écoute flottante dans une attitude lascive, disposés à s’engager auprès de toute personne qui le sollicite (parent, enfant). Le but étant de prendre le temps qu’une histoire se déroule.
L’attention à porter est incroyable car les enfants en bas âge ne parlent pas toujours, et c’est sur le vif que se déroulent les pulsions.
L’enfant, avant qu’il ne soit individualisé, étant souvent le réagissant (oserais-je dire analyste à son insu) de l’inconscient refoulé de ses parents.
Bice BENVENUTO, membre fondatrice de la maison verte de Rome et de Londres, nous dit en invoquant le grand changement que permet la maison verte dans la psychanalyse, dans la suppression de l’espace clos analyste/analysé :
Dans la maison verte, s’effectue une multicité de transferts, l’inconscient des uns et des autres flotte et se donnant réciproquement des réponses flottantes.
La maison verte est de fait un lieu convivial et accueillant où le lien social, si nécessaire aux êtres humains, est reconnu comme essentiel à la santé psychique des enfants comme des parents. Un espace de prévention et de socialisation, un espace de parole où l’on peut se raconter.
Sources :
Colloque “Que serait Lacan sans Dolto”, Fondation Européenne pour la Psychanalyse, Paris, 07.04.2019
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