L’enseignement général en France se fait selon les principes de la pédagogie traditionnelle.
Cependant, depuis plusieurs années, on voit se développer des écoles à pédagogies alternatives, issuent de l’éducation nouvelle.
Pour y voir plus clair, voici un article, appuyé sur une conférence de Jean HOUSSAYE.
L’éducation traditionnelle
La pédagogie traditionnelle apparaît lors de la réforme des lycées de 1902.
On passe alors d’une pédagogie d’apprentissage (relation privilégiée entre l’élève et le savoir) à une pédagogie d’enseignement (relation privilégiée entre l’enseignant et le savoir) dans un soucis d’homogénéisation des classes.
Dans la pédagogie traditionnelle :
Le maître est central : il pose les questions et les justifies.
La relation pédagogique est impersonnelle : les différences entre les personnes ne nous intéressent pas.
Le rapport est vertical : c’est l’élève/l’enfant qui a besoin du maître/éducateur car c’est lui qui est maître du savoir.
Le savoir transmis est coupé de la vie (dans un lieu clôt du monde extérieur : classes).
La pédagogie traditionnelle part d’un savoir préétablis, définis à l’avance dans les programmes, à partir de contenues modèles à acquérir. C’est une pédagogie de la transmission et non pas de la construction, intégrer des savoirs déjà là.
Elle engendre la bureaucratie : programmes, inspecteur, contrôle examens, concours, …
Nécessité du charisme de l’enseignant pour canaliser les classes.
Un des problèmes auxquels nous confronte la pédagogie traditionnelle est le sens utilitariste qu’elle donne au savoir.
Tout apprentissage étant soumis et validé par une note, les élèves ne sont plus motivés par l’acquisition d’un savoir ou d’une compétence, mais par la réussite son acquisition : par la NOTE.
La réussite, la note, devient la condition de l’accès au savoir. L’acquisition d’un savoir, d’une compétence, n’ont donc plus d’intérêt en eux-même sans la note.
Les programmes normés contraignent les élèves à apprendre sur des supports qui ne les concernent pas forcément (région, saison, activité). Supports qui risquent alors de ne pas provoquer leur intérêt.
De plus, la pédagogie traditionnelle est impersonnelle : en cas d’échec d’un élève, l’institution n’est pas mise en cause. On part souvent du principe que cela vient d’un manque de motivation, d’un défaut d’application personnel dû à l’élève. On lui ancre donc dans la tête dès le plus jeune âge qu’il est fautif de son échec, même lorsque que c’est la méthode appliquée qui ne lui convient pas.
Si en plus de la transmission d’un savoir défini, le corps enseignant essaie d’amener un peu d’interaction, pour rendre les cours vivants et attrayants, il prend le risque de s’écarter du savoir à faire passer.
L’interaction amène du bruit, hors il est bien connue qu’une classe sérieuse est une classe silencieuse, le “bruit” traduisant le manque de contrôle d’un enseignant sur ses élèves.
Lourde est alors la charge de l’enseignant(e) ou du (de la) maître(sse), pris entre deux feux : réussir à faire parler, mais sans ça ne se fasse entendre.
L’éducation nouvelle
L’éducation nouvelle défend la participation active des individus à leur apprentissage. Elle cherche à amener celui qui apprend à déterminer ce qu’il veut apprendre.
Ce mouvement pédagogique débute au 19ème siècle, en opposition avec la pédagogie traditionnelle, et se développe de manière très forte entre les deux guerres mondiales.
On y note la volonté de tenir compte de l’individualité et donc des différences des élèves. Elle se base sur la mise en place d’instruments pour que les enfants puissent apprendre à partir de ce qu’ils sont (et non pas à partir de ce qu’on voudrait qu’il soit) et à leur rythme.
L’apprentissage part du milieu naturel de l’enfant : il suscite son intérêt de par son utilité et la possibilité d’application directe.
La socialisation prend une place importante, développée entre deux guerres, l’éducation nouvelle cherche la paix, le respect de chacun, maître, élève, camarade.
L’apprentissage n’est pas centré dans le stockage de savoir, mais aussi sur l’expression corporelle et l’art. Ces pédagogies cherchent à éveiller tous les sens de l’enfant et lui permettent de se développer sur différents aspects.
Dans les courants les plus connues, on retrouve la pédagogie Montessori, la pédagogie Freinet ainsi que la pédagogie Reggio.
L’éducation nouvelle est très présente dans les conceptions pédagogiques, la formation (dispositifs de formation),et les centres de loisirs. Elle est aussi utilisée dans les marges scolaires, là où la pédagogie traditionnelle échouent.
Elle repose sur 12 principes :
L’éducabilité : tout être humain est éducable, positionnement éthique.
L’éducation se fait tout au long de la vie. Il faut avoir confiance dans l’acte éducatif, les choses peuvent évoluer, l’autre n’est pas enfermé dans un étiquette. Avoir confiance dans le fait que l’autre à une spécificité, l’enfant a une spécificité d’enfant, il n’est pas un adulte miniature.
L’école est centrée sur l’enfant, sur la personne à éduquer et non pas sur le savoir. Ce qui compte dans la situation pédagogique éducative c’est l’enfant. On ne peut pas l’humilier ni le culpabiliser (processus de destruction).
La relation pédagogique est primordiale. Le rapport entre éducateur et éduqué doit être structurant. La notion de respect et d’estime de soi sont essentielles, il s’agit d’une pédagogie de confiance et non pas défiance.
Importance du corps : privilégié et central, le corps est un moyen d’expression du sujet.
Le milieu naturel est considéré comme le point de départ de l’apprentissage.
La créativité de chacun est encouragée. Place de l’émotion esthétique, de l’art plastique, place du corps et de l’ art.
La socialisation fondée sur la coopération entre pairs et non pas compétition et l’élimination.
L’école est un lieu de vie. Vie en commun, vie intellectuelle, … on y retrouve les différents aspects du développement, aménagement des espaces.
La pédagogie est au centre, sous l’influence des sciences humaines et sociales : psychologie, sociologie, histoire.
La pédagogie est différenciée et individualisée. On s’appuie sur la psychologie sociale (étude du fonctionnement des groupes).
La prospective et la pédagogie du projet sont à l’honneur. Les enfants sont mis en position de construire des projets qui leur reviendront.
Vous n'auriez pas un lien vers l'article de référence ou bien la conférence de Jean Houssay ? :)