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Pour ou contre la loi "anti-fessée" ?

marietrodet

 

Le 30 novembre 2018, une proposition de loi relative à l'interdiction des violences éducatives ordinaires est adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale.


Rappelons que la France était en retard en comparaison à ses homologues européens.

Selon le recensement de l’association “End Corporal Punishment of Children”, 31 des 47 pays membres du Conseil de l’Europe avaient déjà prononcé l’interdiction de châtiments corporels à l’encontre des enfants.



Les châtiments corporels, ou violences éducatives ordinaires, permettent de libérer l'adulte de sa frustration ou de sa peur lorsqu’il atteint ses propres limites à fournir une réponse pédagogique à l’enfant.

En revanche, elles ne peuvent être considérées en aucun cas comme un outils éducatif visant au bon développement et à l’épanouissement de l’enfant.


L’environnement social et affectif de l’enfant agissent directement sur le développement de son cerveau cognitif et de son cerveau affectif. Les violences éducatives nuisent donc sur les deux plans :

  • le développement physiologique

  • le développement psychique

Les neurosciences permettent de démontrer des faits étayés par la psychanalyse depuis plusieurs années.



 

Quelques informations pour mieux comprendre :


  • Le cerveau des enfants est très fragile, en plein développement, et encore très immature dans les cinq premières années de vie.

  • Si la maturation cérébrale complète n’intervient qu’entre 25 et 30 ans, l’amygdale cérébrale (centre de la peur) est parfaitement mature dès la naissance. Elle se régulera progressivement jusqu’aux 5 ans de l’enfant.

  • Une grande partie du cerveau est dévolue aux relations sociales. C’est le cortex orbito-frontal qui permet la régulation des comportements émotionnels et sociaux. Il impacte sur le sens moral, la capacité d’empathie, et les prises de décision.

  • La maturation du cortex orbito-frontal dépend de l’entourage de l’enfant. L’enfant doit recevoir une sécurité affective, attitude soutenante et chaleureuse.

  • L’enfant est incapable de suivre un processus complexe afin de manipuler l’adulte, ni même de faire “une colère”. Il ne que que répondre à un stress, une pulsion, dû à la non satisfaction de ses besoins primaires : alimentation, repos, besoins de sécurité, exploration du monde qui l’entoure.



 

Dans les faits :


Les violences éducatives ordinaires entraînent la peur de l’enfant, déclenchant des réactions biochimiques dans le corps et le cerveau, qui entraînent la sécrétion d’hormone de stress : le cortisol.

L'excès de production de cortisol est neurotoxique : il provoque des atteintes neuro-biologiques et corticales du cerveau.

Les conséquences de ses atteintes sur un cerveau en développement peuvent être permanentes :

  • modifications épigénétiques

  • dysfonctionnement des systèmes de régulation de la réponse émotionnelle (notamment l’agressivité)

  • ses facultés cognitives (affaiblissement de la capacité de mémorisation, de sa capacité d’attention, ... ).

Sources : Toxic Stress: The Facts, Center on the Developing Child, Harvard University ; American Academy of Pediatrics Calls for Action to Address Toxic Stress



Les châtiment corporels sont aussi à l’origine d’une diminution du quotient intellectuel :

“Selon les résultats d'une étude présentée en 2009 par le Pr Murray Straus, sociologue et codirecteur du Family Research Laboratory de l'université du New Hampshire, les châtiments corporels réduisent le quotient intellectuel des enfants.

Mesuré quatre ans plus tard, le QI des enfants qui avaient reçu des fessées de leur mère entre l'âge de 2 et 4 ans était inférieur de 5 points à celui des enfants qui n'en avaient pas reçu, tandis que le QI des enfants qui avaient reçu des fessées entre 5 et 9 ans était inférieur de 2,8 points à celui des enfants qui n'en avaient pas reçu au même âge.

La même étude établit une relation directe entre le QI moyen de la population d'un pays et le pourcentage de parents qui recourent aux châtiments corporels (fessées ou autres coups) sur les adolescents :

Enfin, le fait d'avoir été souvent ou très souvent frappé (fessées ou autres coups) avant l'âge de 12 ans augmente (jusqu'à plus de 2 fois) le risque de présenter des symptômes de stress post-traumatique.”



Leur d’une crise de larmes, quand il désobéit à l’adulte ou qu’il s’y oppose, l’enfant ne contrôle pas ses réactions “indésirables”.

L’en blâmer ne l’empêchera pas de continuer à ressentir ses émotions. Lorsqu’il les bloque pour répondre à l’agacement de l’adulte au lieux de les exprimer, cela peut engendrer réactions émotionnelles dysfonctionnelles et déconnexion à ses émotions (jugées comme négatives).



Les violences éducatives peuvent également être la cause d’un processus de mémoire traumatique et d’une dissociation traumatique entraînant une anesthésie émotionnelle :

Quand il se trouve dans un contexte ayant précédemment entraîné punitions, l’enfant revit les violences antérieures et se bloque, crie, tape, pleure, … , ou se déconnecte.

Double peine pour lui car cette réaction est souvent prise par le parent comme un “caprice”; l’effet dissociant anesthésiant l’enfant : le parent ne se rend pas compte de sa souffrance.



L’enfant dont la conscience est en construction n’a pas encore de sens moral. Ce sont ses figures d’attachements (parents et éducateurs) qui lui servent d’exemples. Les punitions risquent donc d’être intériorisées comme un moyen “normal” de régler un désaccord, par identification à l’adulte.



“La punition corporelle envoie à l'enfant le message que la violence est une option valable pour la résolution de conflits”.

Straus, M. A., Sugarman, D. B., & Giles-Sims (1997). "Corporal punishment by parents and subsequent antisocial behavior of children". Archives of Pediatrics and Adolescent Medicine, 155, 761-767.




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